Philippe HAROCHE du 1er au 18 juillet 2010

Longtemps, l’attente. La vie s’est passée, défaisant les lignes du visage, brouillant des pistes. Patiemment, avec une légère souffrance, le peintre arme les silences, remonte les pistes. Ici, c’est le sourire tendre et las d’un vieil homme. C’est le souffle qui passe sur une casquette rapidement déposée, une protection simple et claire. Plus loin, c’est le chaos désarmant d’une âme passagère. Ce pourrait être les flots d’une ville désertée ou les soubresauts des couleurs que l’on avale au soleil mourant. Là, on retrouve le regard connu d’une humanité célèbre. Sentir chanceler les certitudes, creuser sous la palette les sentiers battus, trouver peut-être d’autres failles, des soupçons de tendresse pour un grand monument. Quelques espaces encore et berce une faible musique. La lourdeur du piano effacée par les traits à découvert du dessin, le jaillissement des notes atténué par l’écho du tableau. Peindre comme une traversée vers l’autre monde, comme une rive que l’on pressent, que l’on attend. Abandonner au seuil de l’atelier les livrées sourdes du temps, ne plus se heurter aux odeurs de la ville, aux clapotis désespérants des heures.

Il y eut le temps de l’abstraction.  Plusieurs expositions ont permis de faire découvrir ces tableaux, cette recherche de la ligne et de la brisure. Ces derniers temps, cette abstraction n’a pas été abandonnée mais remplacée par un autre dialogue, l’apparition de silhouettes, connues, inconnues, chères, admirées, fragiles ou immuables, happées par le ciseau du temps et du peintre.

Philippe Haroche est né en 1953 et vit à Paris où il expose régulièrement en galerie. Après s’être longtemps consacré à l’aquarelle et à la sculpture, il compose désormais grâce à la peinture à l’huile des œuvres tant abstraites que figuratives